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09 May

Asie du Sud et de l'Est, une (longue) synthèse.

Publié par Frédéric Heuzet

L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la croissance.

 

Formée des deux principaux foyers de peuplement mondiaux, lAsie du Sud et de lEst rassemble plus de la moitié de la population mondiale. Il sagit aussi de la partie du monde qui connaît la plus forte croissance économique. A linverse, cette région rassemble le plus de pauvres au monde. Existe-t-il une relation entre croissance démographique et croissance économique ?

 

  1. Le principal foyer de peuplement et les défis de la croissance démographique.

a. Une croissance démographique inégale dans une aire fortement peuplée.

  • Le poids démographique

LAsie du Sud et de lEst rassemble environ 3,8 milliards d’habitants répartis entre lAsie méridionale ou du Sud (1,7 milliard), lAsie orientale ou de lEst (1,5 milliard) et lAsie du Sud-Est (0,61 milliard). Ce poids démographique est facilité par la présence de deux géants démographiques, la Chine (1355 millions) et lInde (1210 millions), qui représentent à eux deux 37% de la population mondiale.

  • Vides et pleins

La population de la région est inégalement répartie même si la densité moyenne est élevée avec 140 hab./km², soit 3 fois la moyenne mondiale. Certains pays (Bangladesh, Singapour), régions (Java en Indonésie, deltas du Gange ou du Mékong) et mégapoles (Hong Kong) présentent les densités les plus fortes de la planète. Mais, d’autres territoires sont quasi vides pour des raisons climatiques (déserts de Thar en Inde, du Baloutchistan au Pakistan) ou de reliefs (hauts plateaux tibétains). Ces oppositions sont visibles à de nombreuses échelles comme le montre lopposition entre le littoral pacifique saturé et lintérieur montagneux peu peuplé du Japon.

 

  • Transition démographique

La croissance démographique de la région devrait rester soutenue jusquen 2030 mais tous ses pays sont engagés dans la transition démographique et un déclin de cette croissance est à prévoir à partir de 2050. La forte natalité se maintient dans les pays pauvres (Laos 34‰, Népal 29‰, Afghanistan 47‰, Japon 9‰ ou France 13‰) pour répondre à une mortalité infantile tout aussi forte (Laos 70‰, Népal 48‰, Afghanistan 163‰, Japon 2,8‰ ou France 3,6‰).

Les Philippines sont en pleine transition démographique : la natalité n’est que de 26‰ et la mortalité infantile est basse (25‰). L’Inde est aussi dans une situation intermédiaire : la natalité est en baisse avec 24‰ mais la croissance reste rapide (19 millions de personnes en plus par an) en raison de l’inertie démographique, de la jeunesse de la population et des réticences culturelles (mortalité infantile forte de 58‰, surtout chez les filles).

A l’opposé, d’autres pays ont terminé leur transition démographique, comme le Japon (1,3 enfant par femme et 9‰), Singapour (1,4 et 11‰) ou la Thaïlande (1,6 et 13‰). Il en est de même pour la Chine (1,6 enfant par femme et 12‰) en raison de la politique autoritaire de l’enfant unique.

b. Une urbanisation massive et rapide.

  • Urbanisation.

En 2010, l’Asie du Sud et de l’Est constitue une des régions les moins urbanisées du monde avec l’Afrique, son taux d’urbanisation est de 40% environ. Certains pays sont déjà très urbanisés : Corée du Sud (82%), Japon (79%) ou Malaisie (62%). La Chine est majoritairement urbaine depuis 2011. Par contre, l’Inde n’est que très peu urbanisée (28% d’urbains), tout comme le Bangladesh (23%), le Cambodge (15%), le Sri Lanka (15%) ou le Népal (14%), cela indique un retard de développement. Par contre, la population des villes asiatiques a quintuplé depuis 1960, ce qui fait que. l’Asie du Sud et de l’Est est la région du monde qui compte le plus durbains avec environ 1,5 milliard de personnes soit 43% des urbains du monde.

  • Transition urbaine

Pourtant, elle est entrée dans la transition urbaine (processus au cours duquel une population rurale devient urbaine en raison dun important exode rural). La population des villes dAsie augmente de 40 millions de personnes chaque année et, dici 2050, lAsie devrait compter 65% d’urbains.42 villes asiatiques comptent parmi les 100 premières mondiales, 7 parmi les 10 premières mégapoles (Tokyo avec 37,7 millions, Mexico 23,3, Séoul 22,7, New York 22,2, Mumbai 21,9, Sao Paulo 20,8, Beijing 20,7, Shanghai 19,9, Manille 19,9, Bangkok 18,9). De même, l’Inde compte aujourd’hui 40 villes millionnaires contre 5 en 1960.

  1. Les défis de la croissance démographique.

La croissance démographique est à la fois un atout et une contrainte.

  • Atout

La Chine et l’Inde deviennent ainsi de grandes puissances économiques : la croissance de la demande leur permet de moins dépendre des exportations.

De plus, la croissance démographique offre une population jeune et nombreuse facilitant la soumission à une certaine discipline et l’application de salaires faibles. Les pays d’Asie traversent donc une période favorable à leur croissance, celle où la proportion d’actifs est élevée tandis que le nombre d’enfants à élever a diminué.

Cette période se termine pour la Chine, elle commence en Inde.

  • Contraintes

Dans les pays ou régions en mal développement, la croissance démographique entraîne des défis sanitaires (mortalité infantile, accès aux soins) et de scolarisation ainsi qu’un manque demplois et donc un chômage élevé. Ce handicap démographique est d’autant plus fort lorsque la croissance est très rapide et s’effectue dans un pays disposant de peu d’infrastructures (routes, voies ferrées, téléphone…) en raison de faibles densités, comme le Laos. Mais, dans certaines régions d’Asie, la baisse de la fécondité et l’allongement de l’espérance de vie, qui sont signes de développement, entraînent aussi une baisse de la main-d’oeuvre et un vieillissement de la population ce qui menace la croissance économique. Le marché intérieur se réduit, la main-d’oeuvre devient plus coûteuse, il faut recourir à l’immigration pour compenser la diminution de la population et les Etats sont confrontés à la question des retraites qui dépendent encore majoritairement des transferts familiaux.

  • Sex ratio asiatique

Pour finir, la démographie asiatique présente une originalité, le déséquilibre entre les sexes. Il manque plus de 100 millions de femmes, surtout en Inde et en Chine. Ce déséquilibre est dû à un problème socioculturel (« élever une fille c’est arroser le jardin du voisin ») conduisant à des avortements sélectifs et à une surmortalité des filles du fait des négligences et des mauvais traitements.

Avec la baisse de la fécondité ce déséquilibre a tendance à augmenter fortement en Inde, Chine ou Vietnam. Il souligne les failles du système de prise en charge des personnes âgées qui repose sur les fils aînés.

  • Perspectives

L’urbanisation pose de nombreux problèmes : logements, transports, approvisionnement en eau et en nourriture, pollution, intégration des migrants, bidonvilles, sans abris… Pour limiter la croissance des métropoles, certains Etats comme la Chine cherchent à développer les villes petites et moyennes. Mais, ces villes sont aussi un atout pour le développement en offrant un meilleur accès aux services, à l’éducation et aux activités dynamiques liées à la mondialisation. Le niveau de vie y est donc plus élevé.

 

LAsie du Sud et de lEst représente une forte concentration de population, de plus en plus urbanisée et en forte croissance. Cette situation démographique, malgré certains inconvénients, participe au développement économique régional.

 

  1. Une émergence économique récente et spectaculaire.

a. Une croissance en vol d’oies sauvages.

 

  • Le modèle de croissance : schéma

Lémergence économique de lAsie du Sud et de lEst a eu lieu de façon progressive selon le principe du développement en « vol doies sauvages », cest-à-dire en vagues successives. Un pays lance un processus dindustrialisation sur un produit à faible valeur ajoutée, en devient exportateur puis labandonne au profit dun produit à plus forte valeur ajoutée, permettant à un autre pays de se lancer à sa suite dans lindustrialisation. Le « vol doies sauvages » évoque leffet dentraînement. Cette croissance, dabord centrée sur lAsie de lEst, sest ensuite étendue à la partie méridionale du continent, faisant de cet ensemble (à lexclusion de lAsie centrale et de la Russie), un pôle dimpulsion majeur de la mondialisation.

  • Le cas asiatique

Dans les années 1950, dans une Asie détruite par la guerre et sous-développée, le Japon se réindustrialise avec le soutien des Etats-Unis et selon les orientations du MITI (ministère de l’industrie et de la technologie créé en 1949). Sa croissance se base sur les Keiretsus, conglomérats d’entreprises diversifiées ayant des participations croisées, dont Mitsubishi (1ère banque du pays, constructeur automobile, industrie chimique, producteur de composants électroniques et d’appareils photographiques). A la fin des années 1960, le Japon est la deuxième puissance économique mondiale.

Dans les années 1970, la première génération de NPIA (Nouveaux Pays Industrialisés Asiatiques), les « Dragons » (Corée du Sud, Singapour, Taïwan, Hong Kong), ont ensuite connu un décollage en commençant par l’exportation de produits à faible technicité (dont les matières premières) puis, grâce aux délocalisations japonaises, une industrie nationale s’est constituée permettant de réduire les importations puis de développer les exportations de produits manufacturés.

Ensuite, la production de ces produits manufacturés a été délocalisée et une production à plus haute valeur ajoutée est mise en place. Chaque « dragon » acquiert une position dominante dans un secteur industriel : Singapour pour les disques durs de PC, Hong Kong pour les jouets électroniques, la Corée du Sud pour les téléviseurs écrans plats et Taïwan pour les consolesd’ordinateurs.

A partir des années 1980, la seconde génération de NPIA ou NNPIA (Nouveaux Nouveaux Pays Industrialisés Asiatiques), les « Bébés Tigres » (Thaïlande, Malaisie, Philippines, Indonésie), se développent à leur tour en s’appuyant sur une forte économie rurale puis sur une industrie nationale de biens de consommation et de biens intermédiaires pour le marché intérieur pour, enfin, développer leurs exportations. La Chine s’est libéralisée à partir de 1979 et a attiré les investissements étrangers. Récemment, d’autres Etats comme le Vietnam, se sont inscrits dans cette trajectoire. L’Inde a été plus hésitante car, dans les années 1970, elle applique une politique définie comme une « troisième voie entre socialisme et libéralisme » mais celle-ci implique le protectionnisme et favorise le maintien d’une société hiérarchisée (tradition des castes).

Il faut attendre les années 1990 pour que l’économie indienne s’ouvre et permette le développement économique du pays.

b. Le moteur de l’économie mondiale.

 

Le développement en « vol d’oies sauvages » fait de l’Asie du Sud et de l’Est le moteur de l’économie mondiale en raison d’une croissance économique d’environ 8% pour lensemble de la zone et d’une forte concentration de richesses (28% du PIB mondial) et d’échanges (25% du commerce mondial). Elle abrite, aujourd’hui, 5 des 20 plus grandes puissances économiques mondiales et 15 des 50 premières places boursières mondiales. Hong Kong, le Japon et la Chine font partie des 10 premiers pays émetteurs d’IDE.

Les FTN : Source : http://fortune.com/global500/visualizations/?iid=recirc_g500landing-zone1

La croissance économique s’appuie aussi sur la réussite de grandes firmes. En 2012, 81 FMN asiatiques sont classées parmi les 250 plus importantes dans le monde : Sinopec 5e (Chine), China National Petroleum 6e (Chine), State Grid 7e (Chine), Toyota 10e (Japon), Japan Post Holdings 13e (Japon), Samsung 20e (Corée du Sud)... Toutes ces firmes sont mondialisées et leaders dans leur domaine et s’ajoute à elles un réseau très dense de PME.

L’émergence dune classe moyenne de plusieurs centaines de millions d’individus en fait un gigantesque marché de consommation pour les entreprises mondiales. Par exemple, la Chine est le plus grand marché automobile de la planète, devant les Etats-Unis. Le Japon et la Chine sont des marchés privilégiés pour les groupes internationaux du luxe : le Japon consomme 10% du commerce du luxe tandis que la Chine, Taïwan et Hong Kong en absorbe 18% (contre 36% pour l’Europe). La Chine, la Coére du Sud et les pays de la péninsule indochinoise connaissent la croisance la plus élevée au monde du marché de biens de consommations (alimentaire, textile, équipements)...

  1. Des inégalités à différentes échelles.

 

L’émergence de l’Asie du Sud et de l’Est a été progressive ce qui entraîne une inégale intégration à différentes échelles. Tout d’abord, s’opposent de grandes puissances de rang mondial (Chine, Japon), des puissances émergentes (Inde, Thaïlande, Philippines) et des pays pauvres en difficulté (Malaisie, Laos, Cambodge). Le Japon reste la grande puissance de l’Asie orientale mais sa croissance n’est que de 4% en 2010.

Les « Petits Dragons », Corée du Sud (15e puissance économique mondiale), Taïwan (27e), Singapour (36e) et Hong Kong (38e), sont fortement intégrés dans l’économie mondiale. Mais ce sont surtout les deux nouveaux géants, la Chine et l’Inde, qui prennent un rôle central dans l’économie régionale.

La Chine est devenue la 2e puissance économique mondiale en 2010 avec une croissance de 11,2% en 2011, elle est rivale du Japon. Aujourd’hui elle redéploie les activités et les capitaux vers l’intérieur des terres.

L’Inde n’a pas encore un rôle moteur dans sa zone, d’autant que ses voisins ne sont pas d’importants partenaires commerciaux. Par contre, ce sont ses échanges avec les Etats-Unis et l’Union Européenne, en hausse depuis 2000, qui lui ont permis de s’enrichir. Depuis 2005, l’Inde crée des ZES dans les grandes villes (électronique, informatique, joaillerie). Sa spécialisation relative dans les services informatiques lui a valu le nom de « bureau du monde ». Mais, elle tente aussi de se rapprocher des pays de l’est-asiatique (multiplication par 17 des échanges avec la Chine entre 2000 et 2008).

Par contre, certains Etats connaissent de lourdes difficultés. L’Afghanistan, le Bangladesh, le Bhoutan, le Cambodge, Le Laos, le Myanmar (Birmanie) et le Népal sont ainsi considérés comme des PMA.

 

Au niveau régional, les Etats respectent des organisations sur le modèle centre - périphérie.

Au Japon, le Japon de l’endroit tourné vers le Pacifique est plus dynamique que le Japon de l’envers tourné vers l’Asie.

A Taïwan, le littoral tourné vers la Chine et le détroit de Formose est plus développé que les régions intérieures ou que le littoral pacifique.

En Chine comme en Inde, les régions littorales sont les plus insérées dans la mondialisation tandis que les régions intérieures restent pauvres et peu développées. L’histoire de sa croissance économique et l’importance des exportations expliquent que l’économie soit fortement littoralisée.

La Corée du Sud, la Chine et le Japon regroupent 90% de la construction navale mondiale. Parmi les 20 premiers ports du monde par le trafic, 14 sont en Asie (le 1er est Shanghai, le 2e Singapour, le 3e Tianjin près de Beijing).

Enfin, les inégalités socio-spatiales se renforcent. Sur les 2325 milliardaires du monde, 580 se trouvent en Asie en 2014. Les plus riches se sont enrichis brutalement (immobilier, industrie manufacturière, commerce de détail). Une classe moyenne s’étoffe et consomme de plus en plus. Si la pauvreté recule en part relative (79% de la population en 981 et 18% en 2006 avec moins de 1,25 $ par jour), le continent asiatique reste celui qui compte le plus de pauvres avec 2,2 milliards en Asie du Sud et de l’est, dont 1,6 milliard pour la Chine et l’Inde. En Inde, près des 2/3 de la population vit avec moins de 2 $ par jour. Ces inégalités sont particulièrement visibles dans les grandes métropoles (cf. Mumbai). Les inégalités sont aussi marquées entre villes et campagnes : aux Philippines, 80% de la population pauvre vit à la campagne et pour la Chine, pourtant 2e puissance économique mondiale, c’est 90%.

 

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats de lAsie du Sud et de lEst se sont progressivement développés sur le plan économique pour devenir des acteurs clés de léconomie mondiale. Cependant, certaines faiblesses persistent

3. La permanence de vulnérabilités.

a. Des tensions géopolitiques.

  • Diversité politique

L’Asie du Sud et de l’Est est parcourue par d’importantes tensions politiques qui freinent le développement économique régional. Tout d’abord, il présente une grande diversité de régimes politiques. Certaines nations sont des démocraties (Japon, Inde, Corée du Sud) mais elles restent marquées par le « despotisme oriental », influencé par le confucianisme. La démocratie reste fragile en Thaïlande, au Bangladesh ou au Pakistan, en raison de conflits et de divisions internes, certaines régions échappent au contrôle de l’Etat au Pakistan ou enThaïlande. La Chine et le Vietnam se revendiquent encore du communisme et du parti unique. Enfin, des régimes autoritaires persistent comme la Birmanie (Myanmar) ou la Corée du Nord.

 

  • Héritages historiques

Les relations entre les pays sont aussi rendues complexes en raison de conflits plus ou moins anciens liés à l’histoire ou à des différents frontaliers. Par exemple, les relations entre le Japon, la Chine et la Corée du Sud sont largement marquées par le problème de la reconnaissance des crimes japonais. De même, les contacts entre la Chine et Taïwan sont complexes en raison de l’histoire commune des deux pays (cf. cours sur la Chine en histoire).

 

  • Litiges frontaliers maritimes et terrestres

Certaines frontières maritimes sont contestées afin de contrôler les richesses sous-marines, comme les îles Spratley et Paracels entre la Chine et le Vietnam, ou des voies importantes du commerce maritime, comme le détroit de Malacca. Ces tensions maritimes sont aggravées par la question de la piraterie très présente autour de l’Indonésie.

Les frontières terrestres sont aussi source de problèmes ainsi le contrôle du Cachemire oppose l’Inde et le Pakistan. La frontière entre l’Inde et le Bangladesh présente une double clôture sur 4 000 km, gardée par l’armée, pour empêcher l’entrée clandestine de population du Bangladesh. Les deux Corées sont séparées par la frontière la plus surveillée au monde, avec 2 km de no mans land. Les deux Etats sont toujours en guerre et la situation est aggravée par la possession du nucléaire par les Nord-coréens. Enfin, la zone est touchée par le terrorisme suite aux nombreuses guerres en Afghanistan. Ce terrorisme a frappé l’Inde, la Thaïlande, le Pakistan et l’Indonésie.

 

  • Des tentatives de coopération cependant

Malgré ces tensions, les échanges à l’intérieur de la zone se renforcent et représentent 52% du commerce extérieur des pays asiatiques, en raison d’une forte coopération économique, comme le montre le « circuit intégré asiatique » des pièces détachées. Une vaste zone de libre échange (lAFTA, Asian free Trade Area) est ainsi en projet en se basan sur l’ ASEAN+3. L’APEC (ou Coopération économique Asie-Pacifique) est un forum plus large de discussion...

 

b. Un modèle de croissance en question.

 

La rapide émergence de l’Asie du Sud et de l’Est repose sur un modèle de développement qui présente certaines faiblesses.

 

  • Dépendance énergétique

Tout d’abord, cette région connaît une forte dépendance en matières premières, particulièrement énergétiques. Par exemple, le développement chinois en fait le deuxième consommateur d’énergie après les Etats-Unis. Il faut couper l’électricité régulièrement dans le sud-est dynamique du pays. Pourtant quarante-deux gigawatts (l’équivalent ce que produit le Royaume-Uni) ont été ajoutés au parc électrique en 2004 et en 2005, chaque semaine une centrale thermique est construite et un programme de construction de centrales nucléaires a commencé (9e parc mondial en 2012). La consommation est tout aussi importante pour les matières premières : la Chine est le premier consommateur de fer, cuivre, charbon, acier (30%) et ciment, le 2e consommateur de pétrole (8%).

Certains Etats asiatiques sont engagés dans la transition énergétique, c’est-à-dire le passage d’un mode de consommation basé sur les énergies fossiles à un mode de consommation combinant toutes les sources d’énergies, avec développement des énergies renouvelables : cf. Hydroliennes bretonnes aux Philippines

 

  • Dépendance alimentaire

Enfin, le poids démographique de l’Asie et les fortes inégalités sociales posent le problème de la dépendance alimentaire. Pour lutter contre celle-ci, les Etats asiatiques ont mis en place des politiques de Révolution verte à partir des années 1960. Aujourd’hui, la Chine n’a plus que 10% de sa population souffrant de sous-nutrition, 19% de la population en Inde ou 25% de la population au Cambodge. Mais l’Asie méridionale abrite à elle seule 71% de la population mondiale sousalimentée et la malnutrition reste forte, en particulier dans les campagnes. Ainsi, l’exode rural reste très fort.

L’opposition entre monde urbain et campagnes ainsi que les inégalités sociales dans les métropoles sont à l’origine de tensions comme le montre les grandes manifestations ouvrières dans la filière textile au Bangladesh ou les affrontements entre les « chemises jaunes » (classes aisées et moyennes urbaines) et les « chemises rouges » (populations rurales et urbaines pauvres) en Thaïlande, en 2010.

 

  • Vulnérabilité face aux crises du capitalisme mondial

De plus, la croissance de l’Asie repose sur l’économie mondiale et est donc touchée par les crises économiques depuis 1990. La crise de 2008 entraîne la fermeture de milliers d’usines, mais l’Asie est cependant moins touchées que les économies occidentales, surtout grâce aux interventions des Etats. Par contre, elle est fragilisée par la financiarisation de son économie encourageant le profit à court terme, l’afflux d’IDE, la corruption… Les Etats préfèrent désormais encourager la croissance par la consommation interne privée pour réduire la dépendance aux exportations et à la finance mondiale.

c. Les dégradations environnementales.

Pour finir, l’émergence rapide de l’Asie a lieu au dépend de l’environnement.

L’industrialisation des grandes villes portuaires ou fluviales provoque la transformation des paysages urbains côtiers par l’apparition de terrepleins industriels et portuaires dans les baies, surtout Tokyo (devenus des résidences et des lieux récréatifs) mais surtout la multiplication des rejets industriels. Il en résulte une pollution importante de l’eau et de l’air, en particulier dans les villes. Au Bangladesh, les nappes phréatiques présentent de fortes concentrations en arsenic.

La Chine est devenue le 1er émetteur de gaz à effet de serre et 16 des 20 villes les plus polluées du monde se trouvent en Chine. En 2011, les émissions de dioxyde de carbone de l’Asie représentaient 40% du total mondial dont 25% rien que pour la Chine.

Des catastrophes industrielles aggravent les conséquences de la pollution comme le montre les coups de grisou réguliers en Chine ou l’explosion de l’usine de produits chimiques en 1984 à Bhopal en Inde. Les paysages ruraux sont aussi profondément modifiés : les rizières reculent au profit de l’élevage des crevettes destinées à l’exportation, les forêts sont surexploitées ou détruites au profit de la culture du palmier à huile (Indonésie). Ce qui pousse aussi les pays asiatiques à investir en Afrique et en Amérique latine (land grabbing). A cela, il faut ajouter les importants risques naturels : mousson (dévastatrices au Pakistan et au Bangladesh), typhons, tsunamis (2004 en Asie du Sud-est), séismes, irruptions volcaniques (ceinture de feu du Pacifique, chaîne de volcans la plus active du monde). Les conséquences de ces risques naturels sont aggravées par la littoralisation, la métropolisation et le développement économique (tsunami et catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011). Mais, les Asiatiques sont de plus en plus sensibles aux questions de l’environnement et de santé liées à la pollution urbaine.

 

LAsie est confrontée à de nombreux enjeux démographiques mais connaît parallèlement la plus forte croissance économique dans le monde, faisant delle le moteur de léconomie mondiale. Cette croissance sexplique par labondance de main d’oeuvre, le gigantisme des marchés, le rôle des Etats et des entreprises.

Mais, les fruits de la croissance sont mal répartis et les fragilités restent nombreuses. Ainsi, le leadership régional est-il lobjet dune opposition entre la Chine et le Japon.

 

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À propos

Un blog à l'usage des élèves du Lycée Jules Lesven de Brest.